vendredi 1 mai 2015

Ça ne casse pas trois pattes à un corbeau

Les fans de foot les plus observateurs auront remarqué que le blason arboré par les Blue Samurai, l’équipe nationale du Japon, est orné d’un bien curieux oiseau noir fièrement campé sur deux pattes et tenant un ballon… dans une troisième patte!

Les mauvaises langues ne manqueront pas d’ironiser sur une mutation due aux retombées radioactives de Fukushima, mais ce serait là un véritable blasphème, car cet oiseau a des origines bien plus honorables et anciennes.


Il s’agit du yatagarasu (八咫烏), dont le nom, curieusement, ne se réfère pas au trait remarquable que constituent ses trois pattes, mais à son envergure. Elle est donc de 8 ata, une ancienne mesure, soit approximativement 1m 44. Nous n’avons donc pas affaire à un banal freux ou une quelconque corneille, mais plutôt à un grand corbeau.


Il apparaît d’abord dans les légendes chinoises où, malgré sa couleur noire, il symbolise le soleil, qu’il est censé habiter. C’est donc tout naturellement qu’il est devenu dans la mythologie japonaise l’envoyé d’Amaterasu-omikami, la déesse du soleil.

Et c’est précisément un des descendants de la déesse qui est connu pour avoir bénéficié des services du corbeau. Il s’agit de Jimnu, le premier empereur et fondateur du Japon, qui a été guidé par le volatile tripode jusqu’au pays sur lequel il allait régner, et plus précisément jusqu’à Kumano, à cheval sur les actuelles préfectures de Mie et de Wakayama.


Et à Kumano, notre oiseau est honoré dans les sanctuaires locaux, comme celui de Kumano Hongū Taisha, où sa silhouette est omniprésente. Il est en bonne place sur une boîte aux lettres, ce qui rappelle bien évidemment son statut de messager.


À Kumano-jinja, sanctuaire sis dans les montagnes près de la cascade de Nachi, notre divin corvidé dispose de son petit autel et de sa statue. Il est invoqué pour obtenir des victoires, et c’est pourquoi les footballeurs et autres sportifs sollicitent ses faveurs.

En dehors des sanctuaires, son image est présente sur différents produits locaux, comme la bière du cru.
Il déploie également ses ailes sur les omiyage, les souvenirs comestibles que les japonais ne manquent jamais de ramener de leurs voyages. Il se retrouve ainsi souvent relooké avec des apparences plus ou moins kawaii.




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