samedi 30 août 2008

Quelles tuiles!

Le sanctuaire d'Ise, haut lieu religieux et touristique au Japon, et accessoirement grand classique chez les cruciverbistes, est agrémenté à ses abords d'un village aux maisons de style ancien qui abritent presque toutes les magasins et restaurants chargés d'alléger les porte-monnaie des visiteurs. Tout à leurs préoccupations terre-à-terre, les touristes ne pensent pas toujours à regarder les toits, ce qui est bien dommage, car leurs tuiles cachent des curiosités amusantes: des trompe-l'œil en relief.

En effet, certaines tuiles sont ornées de statuettes. On trouve ainsi quelques oiseaux, qui pourraient presque passer inaperçus, ne serait-ce leur immobilité anormale pour des piafs habituellement agités.
La chouette, oiseau plus calme, est plus économe en mouvements, mais la voir en plein jour ne peut qu'inciter à la suspicion.

Même s'il est placé à l'ombre, l'escargot ne peut faire illusion que les jour de pluie, et encore, à condition de faire abstraction de la taille assez spectaculaire pour une tel gastéropode.
Par contre, c'est l'inverse pour ce chat qui semble se dorer au soleil, et qui serait plutôt incongru sous une averse.

Les tuiles formant les arêtes des toits peuvent également être squattées par un animal comme cet écureuil qui abuse un premier regard, mais pas un deuxième, vu son peu d'empressement à détaler.
Quant à ces singes, s'ils sont beaucoup trop petits, ils ne sont néanmoins pas déplacés sur les toits, où on en aperçoit parfois de vrais dans  d'autres coins du Japon.

Plutôt que de mettre des animaux sur leur toit, certains préfèrent s'attirer les faveurs des Dieux en y plaçant leurs représentations, comme Ebisu ou Daikokuten, deux des Sept Dieux du Bonheur. Les prendre pour des vrais est donc impossible, sauf chez les croyants les plus hallucinés.

Anciens commentaires

Très joli...j'adore ces arêtes de toits.
Commentaire n°1 posté par Baiya le 20/09/2008 à 12h40

dimanche 24 août 2008

Du bon emploi des cuvettes à l'occidentale

Bien que le Japon soit réputé pour ses toilettes high-tech, le type le plus répandu en dehors des maisons de particuliers est un vague cousin des toilettes dites à la turque, au-dessus duquel il faut s'accroupir pour procéder au soulagement de ses entrailles. On se place de façon à avoir la partie relevée devant soi, car elle est censée prévenir les débordements d'un jet d'urine trop intempestif. Facile à nettoyer, ce dispositif équipe donc de nombreuses toilettes publiques et ceux qui sont attachés aux traditions marquent une préférence pour ce modèle typiquement nippon.

Mais il existe aussi des toilettes que les japonais affublent du sobriquet de western style, qui sont beaucoup plus pratiques pour les handicapés ou les vieux, ou aussi pour tout ceux qui rechignent à adopter une position à la stabilité douteuse pour se délester des sous-produits de leur digestion. On voit donc très fréquemment les deux types de toilettes coexister dans les mêmes ensembles sanitaires publics, et la photo de ces gogues d'un vert printanier a été prise à côté ceux présentés ci-dessus. C'est cette même cuvette à l'occidentale qui sert de base aux toilettes équipées des gadgets et options les plus invraisemblables. Autrement dit, malgré son appellation dénotant un certain exotisme, il ne s'agit absolument pas d'un objet étrange ou inhabituel pour les japonais.

Il est donc particulièrement mystérieux de les voir dotées d'un mode d'emploi en images pour indiquer la manière de les utiliser. Et en voyant les dessins des positions à éviter, on ne peut que rester songeur sur la nature des méprises qui semblent avoir eu lieu dans ces WC.

lundi 18 août 2008

Ils ne sont pas de bois

L'été du Japon étant particulièrement chaud et humide, le bois y est soumis à rude épreuve. Sans compter qu'un tel climat est propice à la prolifération d'insectes xylophages en tout genre qui contribuent à en accélérer la destruction. Aussi, dans des conditions aussi extrêmes, les poteaux en bois pour les clôtures ont une espérance de vie qui ne dépasse guère un an. Les japonais ont donc résolu le problème avec leur ingéniosité coutumière en les remplaçant par des poteaux de béton. Mais pour ne pas perdre l'aspect décoratif du bois, les poteaux sont donc moulés en forme de rondins ou de bûches pour s'intégrer parfaitement aux paysages plus ou moins champêtres dans lesquels ils sont sis.

Il suffit ensuite de tendre une corde entre ces poteaux pour obtenir une barrière. Mais ont peut aussi en faire de plus complexes, entièrement en faux bois.
Le souci du détail va se nicher jusqu'aux cernes, sur la partie censée représenter le bois fraîchement coupé, qui sont même parfois d'une couleur plus claire que l'écorce.

Outre les poteaux, les rondins sont utilisés pour la confection d'escaliers sylvestres du plus bel effet. Le rendu de l'écorce est variable, ce qui peut laisser penser que plusieurs essences sont utilisées.
On trouve aussi des pieux présentant des fêlures comme celle apparaissant sur un bois ayant séché.

Le procédé peut être poussé encore plus loin en réalisant des imitations d'objets en bois en béton, comme ce banc, qui constitue un piège redoutable pour les karatékas qui voudraient essayer leur talents de casseurs de planches sur le mobilier urbain. Il résiste aussi parfaitement aux amoureux transis qui ont la manie de graver leurs noms sous un parapluie sur toutes les planches qu'ils croisent.
Des sortes d'abris ou de cabanes sont également réalisés de la même façon. Et on trouve même des petits ponts qui contrairement à ce qu'en dit la chanson, ne sont pas de bois.

samedi 9 août 2008

Epouvantail gonflé


Ce prédateur gonflable est à l'image du fameux aigle américain à tête blanche, espèce qui ne vit pas au Japon, mais vu qu'il s'agit d'effrayer les autres oiseaux, le choix est sans doute judicieux. Son expression, subtilement placée entre le regard farouche et l'air blasé, produit un surcroît de frayeur faisant fuir les serins les plus hardis. Et enfin, le mol balancement de cette fidèle réplique de rapace imite à s'y méprendre le vol majestueux de ces terreurs des airs.
Voici un paysage de campagne japonaise absolument typique, avec les inévitables rizières:
Ces cultures suscitent l'envie de bien des oiseaux qui viennent picorer les grains de riz sur pied. Pour éviter cela, on dispose de toutes sortes d'épouvantails, comme les fanions à l'arrière plan, dont les ondulations au gré du vent produisent un mouvement assez ample pour effrayer les piafs les plus pleutres. On utilise aussi des objets brillants, dont les éclats maintiennent les mangeurs de grains à distance.

Mais le Japon est capable de raffinements technologiques même dans les domaines les plus insoupçonnables. Et voici donc ce que cela peut donner appliqué à la défense des récoltes:

Anciens commentaires

Pas de doute, il a vraiment l'air blasé!!

J'espère que tes vacances se passent bien!
A+
Céline
Commentaire n°1 posté par Celine le 08/08/2008 à 15h27
Les vacances, nous en revenons. Mais il y a encore des congés dont nous profiterons.
Réponse de Fabrice Chotin le 08/08/2008 à 15h45
Bon retour de vacances!
Effet du truc gonflable; pas probant d'après mon expérience, mais dans mon cas il ne s'agit pas de rizières! on peut trouver tout un tas de gadgets de ce type dans les KAHMA et autres magasins DIY.
Commentaire n°2 posté par Baiya le 26/08/2008 à 14h30

dimanche 3 août 2008

Attention, travaux

Au Japon, lorsqu'il y a des travaux dans la rue ou des bâtiments en construction, l'endroit est immanquablement surveillé par un ou plusieurs cerbères, dans un uniforme qui varie selon les compagnies, mais qui est toujours agrémenté d'un casque de chantier. Ces gardes sont également chargés d'assurer la circulation en agitant des fanions ou des bâtons lumineux.
Ce sont souvent des vieux* qui améliorent leur retraite par ce petit boulot.

*ou personnes âgées, voire seniors, pour ceux qui préfèrent l'hypocrisie du langage politically correct. 

Aussi, lorsqu'il s'agit d'avertir les passants au moyen d'un panneau, il est souvent agrémenté d'un dessin de ces gardes, qui du coup s'en trouvent tout rajeunis. Les plus sympathiques esquissent une courbette toute nipponne, expliquant que pour votre sécurité, vous ne devez pas entrer dans la zone de travaux et utiliser l'itinéraire aménagé pour la contourner. Le personnage de gauche me fait toujours rire, car il offre une forte ressemblance avec un ami. Celui de droite s'incline avec les mains croisées sur le devant, ce qui est un geste plutôt féminin.

Mais tous ne sont pas aussi courtois, car pour interdire l'accès, il faut parfois se montrer un peu plus autoritaire. Dans ce cas, la main tendue, paume en avant est un geste suffisamment parlant pour empêcher les badauds d'avancer plus loin, avec quand même l'autre main désignant le panneau d'interdiction. On peut en observer ici deux variantes.

Là, ça ne rigole plus: c'est seulement le geste d'interdiction: même si vous êtes trop bigleux pour voir le panneau, vous n'avez aucune excuse. Ne vous avisez donc pas à traîner dans le secteur.
Et si vous n'avez pas compris, le dernier personnage vous gueule carrément les recommandations. On notera les furikana pour ceux qui ne sauraient pas lire les kanjis, mais ne croyez pas qu'il s'agit d'une délicate attention à l'égard des étrangers, car le but est surtout que les enfants puissent lire l'interdiction.

Dans le genre, on trouve aussi cette demoiselle, qui d'après l'insigne sur son casque est une policière, car son rôle est d'interdire aux vélos de se garer devant la barrière où elle figure. Et pour empêcher un japonais de commettre pareil forfait, il faut évoquer la possibilité d'une amende. Les cheveux blonds de ce personnage constituent un véritable mystère, car une telle décoloration n'est absolument pas réglementaire chez les membres féminins de la police, et une étrangère y serait encore moins admise.