samedi 28 juin 2008

Béton des enfants

Dans les parcs japonais, on trouve, comme ailleurs, toutes sortes d'aires de jeux, avec toboggans, balançoires et autres pour égayer les enfants. Mais il y a aussi de curieuses constructions en béton, bardées de métal et de pierres. À première vue, on serait tentés de les prendre pour des bunkers ou des abris anti-atomiques. Mais non, il s'agit là aussi de jeux réservés aux enfants, conçus pour satisfaire leur propension naturelle à l'escalade.

Certains sont ornés de créneaux, afin de simuler un château-fort pas très nippon, mais qui aura tôt fait de transformer les petits intrépides, non plus en soldats de la guerre du Pacifique, mais en chevaliers prêts à vivre mille aventures. La peinture, même défraîchie, rend l'ouvrage nettement moins triste. Mais ça reste du bon gros béton qui râpe impitoyablement les genoux et les fonds de culotte.

Parfois, de curieuses excroissances apparaissent, et on ne voit pas trop ce que l'ensemble est censé représenter: sous-marin, vaisseau spatial, machine à remonter le temps ou un dalek aplati? Mais ce n'est pas bien grave, du moment qu'on peut s'amuser dessus, c'est l'essentiel. On notera sur celui-ci, fait assez rare au Japon, un graffiti souillant le bleu ciel du flanc. Un nouvelle couche de peinture effacera l'outrage, et le machin pourra encore durer des années. Car ces édifices sont souvent là depuis des décennies. Le béton, ça dure.

Mais la star des aires de jeux, celui que l'on retrouve dans tout le Japon, c'est, sonnez shakuhachis, résonnez kotos, bien évidemment le Mont Fuji, dont les pentes forment un toboggan épatant. Et pour l'escalader, il est doté d'une face judicieusement parsemée de gros cailloux qui rendent son ascension plus facile. Mais les plus vaillants se font un devoir de l'attaquer par la face lisse, certains rusés se débarrassant de leurs chaussures pour mener à bien cette périlleuse opération.

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Encore une série d'édifices qui peuplent les souvenirs enfantins de longues années durant. C'est la première fois que j'en vois un en forme de Mont Fuji!
Commentaire n°1 posté par Baiya le 27/06/2008 à 12h48

dimanche 22 juin 2008

Toriis profanes

Voici un torii, un portique marquant généralement l'entrée d'un sanctuaire shinto. On peut donc en voir très fréquemment au Japon. Il est censé séparer le monde matériel du monde spirituel, et il faut donc bien prendre soin de passer le torii dans les deux sens pour retrouver le monde réel. Celui-ci est très typique, en bois peint en vermillon, mais on en trouve aussi qui ne sont pas peints, voire même en d'autres matériaux, comme la pierre, ou encore plus moderne, le béton armé. Certains portent sur les piliers le noms de généreux donateurs, que ce soient des particuliers ou des sociétés.

Mais les sanctuaires ne sont pas les seuls à être ainsi délimités par des portiques. En effet, certains quartiers, surtout ceux connaissant une activité commerciale importante, voient leur entrée marquée par des versions quelque peu extravagantes des sobres torii, et dont la couleur n'est guère souvent l'éclatant vermillon réglementaire.

Les torii des sanctuaires se présentent sous cinq formes principales, avec de nombreuses variantes. Mais rien de tel pour leurs versions profanes, et on ne sera donc pas étonnés d'en voir dont les déclinaisons les plus variées. Les quatre portiques présentés ici délimitent tous le quartier d'Imaike à Nagoya. On notera que les sponsors sont différents, ce qui constitue peut-être une explication de leurs différences. À moins que chaque rue ne tienne à avoir son portique bien spécifique.

← Ce portique ne signale pas l'entrée d'un quartier, mais d'une résidence. Certains verront là une volonté toute nipponne de bien marquer son territoire privé face au territoire public.

Et enfin, on peut se demander si cette œuvre d'art moderne marquant symboliquement l'entrée du parc de Higashiyama n'a pas elle aussi été inspirée par un torii. →

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Voilà bien un regard original....et toujours aussi intéressant. De la grande verrière de mon club de gym la vue donne sur la terrasse au sommet d'un immeuble de 4-5 étages, siège d'une entreprise de construction et sur laquelle trône un mini-torii ainsi qu'un autel. Probablement que l'immeuble a été construit sur un terrain précédemment occupé par un sanctuaire...ou que l'entreprise utilise les vertus de son mini-sanctuaire dans les cérémonies shintô obligatoires avant toute construction. C'est encore un mystère à élucider.
Commentaire n°1 posté par Baiya le 21/06/2008 à 14h55

lundi 16 juin 2008

Petit concert à Imaike

Certains, que je ne nommerais pas, trouvent que ce blogue manque de cornemuse irlandaise malgré ce qu'en dit sa description: j'y remédie donc un peu. J'ai sévi quelques temps avec un groupe nommé Nalsa, et en ce dimanche, il donnait un concert près de chez moi. Du coup, j'ai été invité à jouer avec eux, ce qui était bien sympathique, malgré quelques plantages dus à un manque de pratique de jeu en groupe. Les fausses notes n'ont néanmoins pas fait tomber la pluie, bien que les nuages étaient particulièrement menaçants.

Le groupe n'était pas au complet, car le guitariste était absent, mais on ne manquait pas de cordes pour autant. Heureusement, la harpiste jouait aussi de la flûte et du tin-whistle.


À la fin, nous avons été rejoints par des amis présents dans le public pour une session impromptue. La photo illustre bien le fait que les joueurs de fiddle sont sur-représentés dans le microcosme de la musique irlandaise au Japon, car beaucoup sont des transfuges du Classique.

Vu d'un peu plus près, au moment où je me demande si c'est à la prochaine qu'on change de morceau, d'où ce regard de biais vers le joueur de hammered dulcimer, qui se trouve être le chef du groupe, rôle qui consiste donc à avertir les autres joueurs des changements au moyen d'un regard sévère et également à dire des conneries entre les morceaux.

vendredi 13 juin 2008

A quoi rêve Herbert?

Bon, je sais, il y a mieux comme titre. Ne m'engueulez pas pour ce jeu de mot laid qui ne mérite pas une prise de bec (de gaz) et abordons donc une petite partie du vaste sujet que constitue l'éclairage urbain au Japon. Sachez d'abord qu'on y trouve tous les styles possibles, avec des délires post-modernes high-tech assez hallucinants. Mais pour cet article, je m'intéresserai à ceux qui adoptent les formes pouvant sembler les plus « exotiques » aux yeux occidentaux.

Voici la configuration la plus typique: en forme vaguement cubique et regroupés par paire. Si la forme s'explique facilement par analogie avec celles de certaines lanternes traditionnelles utilisées autrefois, la raison pour laquelle ils  sont aussi souvent mis par deux reste mystérieuse et j'en appelle donc à la sagacité des lecteurs de ce blogue pour émettre des hypothèses à ce sujet.



← Les lanternes carrées ne sont pas les seules à être adaptées en réverbères, témoin celui-ci, en forme de sphère légèrement aplatie, et pour le coup, unique. Mais il est vrai que doubler une telle forme eût pu être tendancieux.
Nous retrouvons une paire, mais sur un modèle en couleur et agrémenté de croisillons comme ceux que l'on peut trouver sur certaines lanternes, mais surtout sur les fenêtres coulissantes traditionnelles, ce qui lui confère un air indéniablement nippon.

← Si les concepteurs de ce réverbère ont cru lui donner une touche française en le gratifiant d'une forme hexagonale, c'est plutôt raté. Notez que c'est plutôt l'octogone que l'on retrouve dans l'art japonais, particulièrement pour les miroirs, qui adoptent souvent cette forme.
Ici, la forme de ces lanternes est tout à fait celle de nos anciens réverbères occidentaux, mais le dédoublement dont ils ont été gratifiés trahit une conception nipponne. 

Là, il y a quand même un peu d'abus: on ne double plus, on quadruple carrément. L'aspect des lanternes avec ces chapeaux pointus peut paraître un peu plus chinois que japonais. On remarquera la forme octogonale que j'évoquais plus haut (qui est d'ailleurs d'origine chinoise, comme beaucoup de choses au Japon).




← Revoilà des carrés tout en verre qui peuvent être considérés comme représentatifs des réverbères japonais. La forme du support particulièrement alambiquée est elle aussi caractéristique, même si elle n'est pas systématique.
Une variante, avec des dessins dessus. Il est curieux que ce soient des fleurs de muguet qui y figurent, parce que ce n'est pas une fleur typiquement japonaise. Sans doute avons-nous affaire à une tentative d'occidentaliser le réverbère. 

← N'oublions pas que les réverbères servent à éclairer, et en voici donc deux en pleine action. Enfin, en début d'action plus précisément, car cette faible lumière verdâtre est celle qu'ils diffusent lorsqu'ils se mettent en route. Après, ça brille plus, fort heureusement. Ceux-ci s'étant mis en action en plein jour, on peut supposer un petit problème technique.
Voici un modèle simple, dont la forme évoque plus une cage qu'une lanterne, mais il présente l'intérêt de montrer son alimentation, qui se fait par un câble aérien tiré entre le réverbère et le réseau chaotique supporté par les pylônes déjà évoqués sur ce blogue. Tous ne sont pas alimentés ainsi, mais le procédé est néanmoins assez fréquent. 

Commentaires

J'adore ces visites surprenantes du Japon, voilà ce qu'on ne trouve nulle part ailleurs :)
Commentaire n°1 posté par Lionel Davoust le 12/06/2008 à 12h00

mercredi 4 juin 2008

Train-train quotidien

Dans la série des aventures du quotidien, j'ai le plaisir de vous offrir trente secondes dans un train japonais sortant de Nagoya.



Commentaires

On s'y croirait! ... après avoir bu quelques vodka ;)
Commentaire n°1 posté par kiji le 11/06/2008 à 16h31
Boire du saké ne conviendrait-il pas mieux? ;-)
Réponse de Fabrice Chotin le 11/06/2008 à 16h37