dimanche 8 mars 2015

Journée de l'infâme à Nagoya

J’évoquais dans un récent article les différentes couleurs que peuvent adopter les cônes de signalisation. Et quelle ne fut pas ma surprise hier d’en voir apparaître d’aussi roses qu’un éléphant tout droit sorti d’un delirium tremens. Et qui plus est en très grand nombre. Je rentrais certes d’une session, mais je n’avais tout de même pas abusé à ce point de la stout irlandaise.

La solution à ce mystère me fut donnée ce matin lorsque je fus réveillé par le bruit des hélicoptères: c’était aujourd’hui le marathon féminin de Nagoya.



Les plus naïfs d’entre vous penseront que la ville de Nagoya organise ce festif évènement sportif pour honorer la journée internationale de la femme.

C’est exactement le contraire.

L’utilisation d’un rose stéréotypé pour les cônes et barrières en est le premier indice. Et en regardant du côté des sponsors de cet évènement, on voit en tête une marque de cosmétiques. De surcroît, la vainqueure reçoit en cadeau des sacs et bijoux de luxe.

Plus insidieux, les médias se concentrant sur l’évènement sportif, ils n’ont plus guère de temps ou de place pour parler d’autre chose, comme par exemple les raisons motivant cette journée de la femme. Difficile également dans ces conditions de consacrer des reportages de fond à la condition féminine: parler de sujets d’une telle gravité gâcherait à coup sûr cette joyeuse fête sportive.

Les organisateurs ont donc magnifiquement résumé le message qu’une bonne partie de la société japonaise envoie aux femmes concernant leurs droits: vous pouvez toujours courir.

mercredi 4 mars 2015

Hadaka Matsuri à Konomiya

Tous les ans à Konomiya, a lieu le hadaka matsuri, ce qu’on traduit généralement par «festival de l’homme nu», bien que les participants ne le soient pas entièrement. Ils ne sont pas très habillés pour autant, vêtus seulement d’un fundoshi, le sous-vêtement traditionnel découvrant fesses, hanches et cuisses, et chaussés de tabis, sortes de chaussettes basses épaisses. Et ce n’est pas le froid de l’hiver qui va arrêter les participants. Pour les encourager, le public leur jette du saké dessus. Mais les participants n’oublient pas de se donner du courage eux-même en buvant, du saké également.

Ils forment des groupes qui suivent différents parcours pour se retrouver devant le sanctuaire, marqué par un portique appelé torii. Les participants sont des hommes de tout âge. C’est assez injuste pour les plus jeunes qui ne peuvent même pas boire de saké pour se réchauffer.


Devant le portique, chaque groupe dresse une sorte de mât en poussant des cris de joie. Le dernier groupe qui arrive porte des baquets qui auront leur importance par la suite. L’accès au sanctuaire prend du temps car les participants sont nombreux.

Tous ne peuvent d’ailleurs pas arriver au cœur du sanctuaire. Les prêtres donnent néanmoins leur bénédiction à tout le monde. Les porteurs de baquets se regroupent dans un coin et sont nargués de façon bruyante par les autres.



Et comme s’ils n’avaient pas assez froid, les voilà qui commencent à s’arroser, à la plus grande joie du public, qui reçoit souvent sa part d’eau lui aussi. En repartant, les participants offrent les rubans colorés qu’ils portent en guise de porte-bonheurs. Et tout le monde peut en profiter.