Dans les parcs japonais, on trouve, comme ailleurs, toutes sortes d'aires de jeux, avec toboggans, balançoires et autres pour égayer les enfants. Mais il y a aussi de curieuses constructions en béton, bardées de métal et de pierres. À première vue, on serait tentés de les prendre pour des bunkers ou des abris anti-atomiques. Mais non, il s'agit là aussi de jeux réservés aux enfants, conçus pour satisfaire leur propension naturelle à l'escalade.
Certains sont ornés de créneaux, afin de simuler un château-fort pas très nippon, mais qui aura tôt fait de transformer les petits intrépides, non plus en soldats de la guerre du Pacifique, mais en chevaliers prêts à vivre mille aventures. La peinture, même défraîchie, rend l'ouvrage nettement moins triste. Mais ça reste du bon gros béton qui râpe impitoyablement les genoux et les fonds de culotte.
Parfois, de curieuses excroissances apparaissent, et on ne voit pas trop ce que l'ensemble est censé représenter: sous-marin, vaisseau spatial, machine à remonter le temps ou un dalek aplati? Mais ce n'est pas bien grave, du moment qu'on peut s'amuser dessus, c'est l'essentiel. On notera sur celui-ci, fait assez rare au Japon, un graffiti souillant le bleu ciel du flanc. Un nouvelle couche de peinture effacera l'outrage, et le machin pourra encore durer des années. Car ces édifices sont souvent là depuis des décennies. Le béton, ça dure.
Mais la star des aires de jeux, celui que l'on retrouve dans tout le Japon, c'est, sonnez shakuhachis, résonnez kotos, bien évidemment le Mont Fuji, dont les pentes forment un toboggan épatant. Et pour l'escalader, il est doté d'une face judicieusement parsemée de gros cailloux qui rendent son ascension plus facile. Mais les plus vaillants se font un devoir de l'attaquer par la face lisse, certains rusés se débarrassant de leurs chaussures pour mener à bien cette périlleuse opération. |