J’évoquais dans un récent article les différentes couleurs que peuvent adopter les cônes de signalisation. Et quelle ne fut pas ma surprise hier d’en voir apparaître d’aussi roses qu’un éléphant tout droit sorti d’un delirium tremens. Et qui plus est en très grand nombre. Je rentrais certes d’une session, mais je n’avais tout de même pas abusé à ce point de la stout irlandaise.
La solution à ce mystère me fut donnée ce matin lorsque je fus réveillé par le bruit des hélicoptères: c’était aujourd’hui le marathon féminin de Nagoya.
Les plus naïfs d’entre vous penseront que la ville de Nagoya organise ce festif évènement sportif pour honorer la journée internationale de la femme.
C’est exactement le contraire.
L’utilisation d’un rose stéréotypé pour les cônes et barrières en est le premier indice. Et en regardant du côté des sponsors de cet évènement, on voit en tête une marque de cosmétiques. De surcroît, la vainqueure reçoit en cadeau des sacs et bijoux de luxe.
Plus insidieux, les médias se concentrant sur l’évènement sportif, ils n’ont plus guère de temps ou de place pour parler d’autre chose, comme par exemple les raisons motivant cette journée de la femme. Difficile également dans ces conditions de consacrer des reportages de fond à la condition féminine: parler de sujets d’une telle gravité gâcherait à coup sûr cette joyeuse fête sportive.
Les organisateurs ont donc magnifiquement résumé le message qu’une bonne partie de la société japonaise envoie aux femmes concernant leurs droits: vous pouvez toujours courir.
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